Équivalent Russe du A-10, le Su-25 est loin de ce que l’on peut appeler un bel avion.

Taillé à la serpe, massif, il s’apparente plus au char d’assaut qu’à un frêle aéronef. C’est, peut-être, ce qui m’a séduit chez lui.
A ma connaissance, seuls 2 fabricants ont commis « la chose », à l’échelle qui nous intéresse : OEZ / KP et Monogram. C’est sur ce dernier que mon choix s’est porté. Choix pas très judicieux comme on va le voir par la suite.

La maquette

Un plastique agréable à travailler de couleur marron-orangé, une jolie gravure en creux mais hélas, totalement fausse,  le détail, que ce soit au niveau du poste de pilotage ou du train, quasi inexistant, des formes générales plutôt correctes avec, cependant, quelques erreurs, voilà en résumé la maquette Monogram.

Le montage

Le cockpit:

Première choses à faire,  avancer la cloison arrière de 3 bons millimètres  de façon qu’elle affleure l’ouverture du cockpit. Ensuite, on sort le stock de carte plastique, de profilés, de fils de cuivre et autres fils de laiton et on détaille un petit peu cette dernière. Il faut savoir que le cockpit d’un Su-25 ressemble plus à la jungle qu’au désert. On peut, donc, s’en donner à cœur joie.
Les consoles latérales ont une forme erronée. Elles doivent être plates et non en V, elles sont colmatées à la carte plastique. L’instrumentation est refaite en carte plastique et photodécoupe, une référence de chez Reheat Model. On meuble, aussi, les parois verticales devant le siège. Le manche à balai reçoit une cure d’amaigrissement et  le mécanisme à sa base est ajouté.

Le tableau de bord, à la gravure curieusement en creux, est agrémenté de cadrans provenant d’une autre référence Reheat Model. Ils seront remplis après peinture avec des instruments en décal, toujours de chez Reheat Model, découpés un à un à l’emporte-pièce.

Les parois du cockpit ont vu leur gravure d’origine, pour le moins fantaisiste, supprimée. Tout ce petit monde est ensuite refait en carte plastique et Profilés.


La couleur de base est le RLM65 de chez Gunze (H67). Les détails sont repiqués avec de la peinture Prince August. Une couche de vernis acrylique brillant Pébéo est passé sur l’ensemble avant d’attaquer le jus, Sépia en l’occurrence. Pour casser la monotonie du bleu,  j’ai passé, ponctuellement, du H314 Gunze pour éclaircir avant de terminer par un drybrush blanc. Enfin, quelques éraillures sont faites avec un morceau de mousse imbibé de peinture gris bleu. Cet avion évoluant dans un environnement pour le moins poussiéreux, un peu de pigment Mig a été saupoudré au niveau du palonnier puis fixé à l’essence F.

Le siège:

Il a rejoint directement la boite à rabiot, sans autre forme de procès. J’ai utilisé pour le remplacer celui de True Details, loin d’être parfait mais une meilleure base de travail.


J’ai commencé par désolidariser l’appui tête et je l’ai coupé en deux pour l’élargir. Ensuite, j’ai rajouté quelques menus détails pour l’étoffer un peu. S’ensuit classiquement une mise en peinture, acrylique et huile.



C’est le moment d’attaquer le gros œuvre et de passer de longues heures (qui au final vont se compter en semaines) à tout remettre à niveau.

Le fuselage:

La principale erreur commise par Monogram sur cette maquette est de l’avoir affublée  d’un croupion qui plonge trop. On se retrouve donc avec une dérive qui n’a plus le bon angle. Pour redresser tout ça, j’ai donné un petit coup de scie juste après les nacelles des réacteurs et recollé les morceaux de façon à ce que le bord d’attaque de la dérive ce cale sur celui du plan. Un renfort en carte plastique a été mis en place, par l’intérieur, sur la jointure des pièces pour consolider le tout. Il ne reste plus qu’à élargir la dérive pour retrouver une forme correcte.

La deuxième opération chirurgicale va concerner l’ouverture de la baie canon et de 2 baies électronique (une de chaque coté). Il suffit de suivre la gravure avec un cutter, le plastique étant suffisamment tendre pour que l’opération soit rapide. Il ne restera plus qu’à aménager l’intérieur avec quelques boitiers réalisés dans de la carte plastique.


Le plus long du travail portera sur l’arme, elle-même, qu’il faudra faire de toute pièce.

La troisième et dernière opération sera d’ouvrir la trappe principale du train avant et de réaliser le puits ainsi que les accessoires qui vont venir la meubler.

Dans la foulée, les trappes sont refaites en se servant des découpes comme gabarit. Classiquement pour les petites et « opération sandwich », vu l’épaisseur, pour la grande. J’ai découpé dans de la feuille d’alu, ici un tube de lait concentré, les deux panneaux (les ouvertures correspondent à l’emplacement des ouïes de ventilation). Les  deux « tôles » ont été mises en forme puis du profilé Evergreen a été collé entre les deux pour donner l‘épaisseur voulue. Enfin, les découpes ont été remplies avec des morceaux de profilé pour simuler les ouïes.

On passe ensuite au puits du train avant. Il est peint en Tan Deck XF-55 Tamiya mélangé à du blanc.
Une fois la patine finie, on met en place les tubulures. J’utilise du fil d’étain, plus malléable que le fil de cuivre, à mon gout. Puis, c’est au tour de la baie canon. La couleur utilisée ici est toujours le Tan Deck mais mélangé à du marron, cette fois (couleur utilisée, aussi, pour les baies électronique).

On peut refermer les 2 ½ fuselages après avoir inséré tout le petit monde et démarrer la mise en place des détails, en commençant par le nez et en allant vers la dérive,  pour être sûr de ne rien oublier.
Coté cockpit, la casquette du tableau de bord a été refaite. Idem pour le HUD. Le blindage de la glace frontal du pare-brise a été ajouté et les montant de ce dernier refaits en scotch alu. Le blindage au dessus du siège a lui aussi été refait en feuille d’alu pour gagner en finesse.  


La tôle de protection à la sortie de la bouche à feu est refaite en scotch alu tout comme les plaques des transpondeurs.

Autre partie de plaisir, le puits du train principal. Monogram l’a simplifiée au maximum et on se retrousse une fois de plus les manches pour remettre tout ça à niveau.
Il faut, déjà, mettre une cloison centrale sur laquelle j’ai collé quelques profilés pour donner du relief. Ensuite, il faut réaliser les alvéoles dans lesquelles les pneus venaient se caser. Elles ont été thermoformées sur une demi sphère, leur emplacement marqué et en me servant d’un morceau de scotch Tamiya comme guide, ils ont été découpés à l’aide d’un foret. « Les lentilles » sont mises en place, mastiquées et détaillées. Le système d’ouverture / fermeture des trappes est ajouté ainsi que les différentes tubulures. 

Il sera peint de la même couleur que celui de la roulette de nez.
Juste derrière les puits et jusqu’à la sortie des tuyères, des drains et autres évacuations de gaz ont été rajoutés.

On en arrive aux gros travaux de maçonnerie avec la mise en place des tuyères. Du fait que la partie arrière a été redressée, elles ne s’ajustent plus comme elles devraient. Il va donc falloir enlever ce qui gène, à savoir les raccords au fuselage et les refaire en carte plastique.  Pas vraiment compliqué mais un petit peu long. La finition se fera au mastic Tamiya, appliqué par couches successives, pour retrouver un beau galbe.
Tant qu’on en est là, on rebouchera  les emplacements des prises d’air car elles n’étaient présentes que sur les préséries.

A ce moment là, on comble toute la gravure (puisque fausse) au mastic liquide et on grave gentiment en suivant le plan donné dans le 4+ Publication.
On en arrive enfin à la dernière partie du fuselage à retravailler : la dérive et l’empennage.
Là aussi, la gravure est fausse, donc rebelote. Un peu de scotch alu et de carte plastique pour détailler. On rajoute les antennes, le feu et le grand élément mobile et on termine en refaisant la prise d’air au pied de la dérive avec du profilé et du Milliput.

La partie mobile de l’empennage est découpée, remise aux bonnes dimensions en augmentant la largeur avec de la carte plastique. Ici aussi, opérations rebouchage mais pas besoin de la refaire puisque c’est  le seul endroit de cette satanée machine qui n’est pas recouvert de pustules, trappes et autres cordons de soudure.
Et pour en finir une fois pour toute avec cette remise à niveau, les logements des éjecteurs de leurres sont réalisés.


Je n’ai pas parlé du conduit des entrée d’air, non pas parce qu’ils sont parfaits, bien au contraire, mais parce qu’ils seront obturés par des caches.  Ils sont thermoformés directement sur l’entrée d’air puis détaillés avec du profilé. J’en ai fait de même pour les sorties des tuyères.


Les bidons et pylônes:

Avant d’attaquer le deuxième gros œuvre que sont les ailes, un peu de détente avec les bidons. La gravure en creux devrait être en relief (jamais contents, ces maquettistes) ; des cordons de soudures dans la réalité. Elle est donc comblée avec de l’étiré collé à la colle liquide. Les ailettes, aussi bien devant que derrière, sont refaites pour gagner en finesse. Des trappes sont rajoutées tout comme les équerres de fixation au pylône, pylônes que l’on attaque dans la foulée.


Monogram fournit la panoplie complète, soit 10 mais seuls 4 sont corrects, les 6 autres sont bons pour la boite à rabiot (voire pire). Le travail portera sur un seul, qui sera dupliqué en résine pour gagner du temps. Puis patiemment, on mettra en place les pattes, 2 par pylône, et les tiges stabilisatrices, 4 par pattes (je vous laisse faire le calcul).


Les Ailes:

La gravure a été entièrement reprise. Ca devient une habitude sur cette maquette.
L’essentiel du détail a porté sur les saumons. La charnière de l’aérofrein a été améliorée. Dessous, le panneau anti-éblouissement a été rajouté. Et pour finir, les carénages des vérins des volets ont été refaits.

Le montage à blanc du fuselage et des ailes montre que le dièdre est faux. 


Pour remédier à ce problème, j’ai découpé de l’aile la partie qui vient sur le fuselage. J’ai ensuite mis deux logerons qui permettront de donner le bon angle et consolider le collage. 

 
Les rivets malmenés lors de la séance de ponçage sont refait. Pour cela, j’ai utilisé de l’étiré que l’on chauffe à un bout au fer à souder de façon à former une boursouflure. On coupe en laissant une petite tige et on glisse le tout dans un trou préalablement percé à l‘endroit voulu. Il ne reste plus qu’à poncer légèrement pour atténuer. La peinture fera le reste.


Les trains:

Ils ont été très simplifiés par Monogram mais la base est saine, il y a juste à détailler.
On commence par les roues. Pour celle de nez, j’avais le choix entre une jante alvéolée ou avec enjoliveur. J’ai fait au plus simple même si ce n’est pas le plus esthétique. De toute façon, l’avion en lui-même n’est pas esthétique donc… 


Sur le train principal, j’ai représenté le système de freinage car inexistant et pourtant visible comme le nez au milieu de la figurine. En fait une véritable usine à gaz, comme l’ensemble du train d’ailleurs. 

Et pour terminer, les vérins. Monogram en donne quelques uns mais qui ne vont pas. Leur emplacement ne correspond pas à la réalité. Il a fallu donc les refaire et rajouter ceux qui manquaient.



La peinture:

Je commence toujours par l’intrados, peinture et patine, avant de passer à l’extrados.
La couche de base est faite en H67 Gunze additionnée d’une goutte d’encre Pébéo Cyan.
Les différents panneaux diélectriques sont faits en H340 Gunze et les tôles de protection du canon en Métal PA.
Puis vient le vernis brillant et les jus. Le premier est du Gris de Payne diffusé dans la gravure. Puis les ombres sont marquées avec un jus Sépia.

Si on suit la notice Hi-Decal, il y a une flopée de stencils sur le dessous. Comme, ni Monogram ni Carpéna, ne les fournissent sur leur planche, j’ai essayé les pochoirs. J’en ai fait de différentes formes pour éviter la monotonie. Au final, ça fait illusion à condition de ne pas avoir le nez dessus. Mais à 20 cm, ça passe. De toute façon, ce qui va suivre va atténuer tout ça.

La patine, à proprement parler, peut alors commencer. Des voiles de la couleur de base mélangée à du noir de pneu sont passées dans les recoins et sur les aplats, un peu aléatoirement, en insistant plus ou moins. Puis avec du H314 Gunze, je fade en insistant sur les reliefs. Pour terminer, je prends du blanc pur et je le passe uniquement sur les zones qui sont sensées prendre le plus la lumière.

Maintenant, je passe aux salissures et autres coulures. Un mélange de XF64 et H74 est pulvérisé sur les zones les plus touchées. J’ai rajouté à ce premier mélange du noir et ai « tracé » les joints des différentes parties mobiles : volets, ailerons, etc.…
Les cocardes, non fournies sur la planche, seront faites aux pochoirs.
Au final et pour lier tout le travail de peinture,  je passe un voile de XF-55.


Avant de peindre l’extrados, j’ai posé des masques flottants sur le bas du fuselage pour le protéger et j’ai passé mes trois couleurs, à mains levées cette fois : le vert est du H309 Gunze plus une pointe de jaune, le marron clair est du H27 Gunze et le marron foncé, un mélange à parts égales de H72 Gunze et XF-64 Tamiya.

Les décals Carpéna refusant obstinément de rester en place, même avec l’assouplissant de la même marque (un comble !), j’ai utilisé pour la première fois le Daco « Strong ». Terriblement efficace. A utiliser avec parcimonie, cependant, sous peine de les voir se désagréger. Ici aussi, tous les stencils sont faits aux pochoirs, y compris les croix sur les parties mobiles.
Les jus, il y en a 3 puisque 3 couleurs, seront : Sépia pour le vert, Bitume pour le marron clair et Terre d’Ombre pour le marron foncé. 


Quant au travail de patine, il sera identique à ce qui a été fait sur le dessous, aux couleurs près. Les ombres : base plus noir pour le vert et le marron foncé, et base plus XF-64 Tamiya pour le marron clair.
Pour affadir, toujours la couleur de base mélangée à du blanc pour le vert et le marron foncé et à du XF-55 pour le marron clair. Les zones les plus lumineuses seront reprises en jaune pour le vert en H27 pour le marron foncé et en blanc pour le marron clair.

Quelques coulures à l’huile, d’abord Terre de Sienne repris au Sépia en leur centre, ont été faites, notamment sur les ailes et le dessus des nacelles moteur. On éraille les endroits sensibles au tampon Jex imbibé de peinture vert foncé.


Il ne reste plus qu’à mettre en place la verrière, dont l’intérieur a été détaillée en profilé Evergreen, les différentes antennes et poignées et les caches avant de voilé l’ensemble au XF-55, y compris le pare-brise et la verrière.


La scénette:

La maquette sera mise en situation sur un socle avec quelques accessoires pour l’accompagner : une figurine sur base Verlinden, retravaillée pour lui donner l’apparence d’un GI’s 2ème guerre du Golfe, avec une tête CMK, un godet de tractopelle, en scratch, et une barre de traction en partie refaite. La base étant celle qu’Esci fournie dans son  « Ground Crew Set». Le filet est une réf.Verlinden. Prévu pour du 35ème, il fait cependant illusion.

Pour le socle, j’ai commencé par coller des morceaux d’écorce de pin pour représenter les reliefs sur la petite butte puis, l’ensemble est recouvert de pâte à modeler DAS Pronto. La texture du sol est faite en sable fin et litière collés à la colle blanche diluée à l’eau.
Une première couche de Humbrol 119 est passée suivie de quelques voiles de Humbrol 250 puis on éclaire avec ce dernier mélangé à du Humbrol 147. Une fois bien sec, un jus de Humbrol 250 mélangé à du noir est passé dans les creux. Un drybrush blanc sur les arêtes finira le travail.


Une fois la maquette et les accessoires collés sur le socle, tout ce petit monde est travaillé au pigment Mig pour lier l’ensemble.


Conclusion

Comme on l’a vu, la somme de travail pour en tirer une réplique à peu près convenable est conséquente. Le choix de partir sur la maquette OEZ / KP aurait, peut-être, été un choix plus judicieux. A vous de voir.

Tous mes remerciements à Laurent, Anthony et Benoit M. pour leur aide, au combien, précieuse.

Soukhoï Su-25 Monogram 1/48